Témoignage

Une première hivernale pour les premières de cordée

Le 14/01/2025 par Marie

Une hivernale, une vraie.
Jour 1 
Le mois de décembre est bien entamé, les premiers flocons de neige ont commencés à tapisser le sol du Guillestrois, et je me retrouve dans le garage à chercher mon matériel de ski et de glace. Revenue tout juste d'Espagne, je n'ai pas vu arriver l'hiver, et cette situation me semble presque incongrue ! Mon téléphone vibre au loin, ce sont les filles du groupe, c'est certain. Je les imagine chacune dans leur coin...un petit bout de papier avec une liste dans la main, le sol devant elles, plein à craquer de matos et un sac à dos bien trop petit pour tout contenir.
Après une petite nuit pour l'équipe, à chacune son anecdote, Margot s'offre un petit détour par st Crépin, Marion fait vibrer ses oreilles auprès de Ben Harper, Roxane se demande si le flash du radar lui était destiné, pendant que Lucie laisse son pique-nique régner dans le frigo, Raphaële semble décontractée et pour ma part je me demande encore ce que je fais là... Nous voilà fin prêtes toutes les sept, sur le parking des marmottes, pour ce premier week-end hivernal.
Les nuages surplombent le ciel, il fait gris, il fait froid. Karine nous dévoile ses talents de pilote de ligne dans les virages enneigés du Queyras, nous menant jusqu'à Molines. Je rencontre Raphaële, notre guide, au travers des sièges autos, arrivant plus tard dans le groupe, je suis la seule à ne pas l'avoir encore connue.
Une petite approche qui semble hors du temps et nous nous retrouvons au pied du torrent de Ste Colombe. Crampons au pied, la glace vient tout juste de se former, elle est belle, bleutée, la cascade ruisselle encore un peu par endroits. Ce petit bout de glace devant nous sera notre terrain de jeu pour la journée.

Raphaële nous demande si certaines ont des blessures à mentionner, Karine nous rappelle sa rupture partielle à l'épaule, Margot nous annonce une déchirure à l'adducteur. Je cherche secrètement une excuse à sortir, rien ne me vient...il va falloir prendre son courage à deux mains cette fois !
Il a un petit côté effrayant pour moi au début, amusant pour d'autres et totalement exaltant pour certaines. Il y en a une qui semble heureuse, c'est Lucie. Ses grands yeux pétillent déjà...Après quelques traversées afin d'appréhender le milieu, elle se lance en tête dans une première longueur. C'est son élément et ça se sent, elle se régale. Elle grimpe avec fluidité, broche sereinement et nous pose une moulinette. Je ne pense pas me tromper en disant qu'elle nous impressionne toutes. Cette longueur sera son premier cadeau d'anniversaire, car aujourd'hui elle fête ses vingt-six ans !


Nous nous élancons les unes après les autres dans cette moulinette d'anniversaire, sous les précieux conseils de Raph, et finalement, même avec un adducteur en moins, une épaule qui bronche, un mental intimidé, ça se passe très bien pour chacune. Et même, on en redemande ! Je ne l'aurai pas cru...Pas le temps de manger un bout de sandwich, que le nouveau thème de la séance s'en suit ; les relais sur broches et les lunules. Après dix huit mille tentatives de nœuds de bouline, je crois que nous y parvenons enfin toutes et à tous les coups (ou presque...). Nous prenons goût aux exercices, retentons quelques ascension, gagnons en confiance dans nos manipulations et notre grimpe, on est ravies mais voilà que la lumière du jour s'enfuit. Il est déjà l'heure de rentrer au chaud, chacunes chez soi !

J2
Le réveil pique, le froid est déjà saisissant depuis le dégivrage de nos voitures. Nous nous retrouvons dans un premier temps au refuge Napoléon à Vars, les moins quatorze degrés de l'extérieur nous refroidissent rien que d'y penser. Raphaële est aux commandes. C'est le début de notre second et dernier jour de stage, avec l'abordage d'une nouvelle thématique ; la nivologie et la recherche de victime en avalanche. Nous étudions les les différents types de neige, nous apprenons à lire le BERA avec
attention, comprenons au mieux les enjeux de déclenchement des avalanches. L'ambiance est studieuse en ce dimanche matin, et cette fois, le citron chaud est chaud (cf. "Une hivernale avant l'heure !").

Nous en prenons plein les oreilles pour être plus experimentées et alertes en sortie hivernales. Vieille poudre, particules reconnaissables, grains ronds, grains roulés...on entend parler d'un tas de neige variées. Maintenant il va falloir appliquer tout ça !
S'en suit alors, le moment tant attendu ; nous troquons le chauffage du refuge pour affronter le froid glacial de Vars. Nous chaussons nos skis de randonnées, c'est la première fois cette année pour moi, je ne m'y fais toujours pas ! Le lac que j'avais vu bleu il y a quelques mois est devenu totalement blanc, recouvert d'une récente neige. Nous le traversons et commençons notre premier exercice de double vérification dva. Les unes après les autres nous prenons nos détecteurs en main et testons chacun des
modes.
C'est parti pour le plus grand effort de notre journée, et pas des moindres, nous montons une petite centaine de mètres de dénivelé. Le soleil est encore là, un peu. Nous testons nos distances de détection de dva, nous montons nos sondes le plus vite possible et enfin nous lisons les différentes couches de neige. Cette fois, comme souvent paraît-il, une couche fragile persistante nous joue des tours ! Nous comprenons un peu mieux la nécessité d'avoir un dva, une sonde et une pelle opérationnels, d'avoir les
meilleurs réflexes, la connaissance de notre matériel et la technique...si un jour nous venions à devoir par malheur nous en servir.


Le soleil s'échappe, la gestion du froid est bien réelle, le bout de mes orteils commencent à sérieusement broncher. Nous terminons la journée par deux exercices de sauvetage multivictimes en avalanche...malgré cette journée complète et instructive, nous comprenons qu'il nous reste du pain sur la planche pour être efficace en situation d'urgence et surtout en groupe, là c'est un peu chaotique voire complètement...et je n'ose même pas imaginer dans un cas réel ce que ça donnerait...
Nous parvenons à trouver les dva enfouis sous la neige mais le temps imparti nous échappe. Pour une première fois ce n'est pas si mal, mais il faudra encore s'entrainer. La situation est drôle en exercice mais la réalité est bien plus terrifiante. Marion nous révèle ses talents de comédienne en jouant une victime choquée et carrément hystérique. Chacune de nous testons les limites de nos compétences en recherche et restons alerte pour la suite de notre hiver.


Le moment rêvée par les filles arrive : La descente à ski ! N'ayant commencé le ski que récemment, de mon côté je me mets en mode survie, pour ne pas perdre un genou. Quelques minis-virages dans la poudreuse et nous revoilà au parking, déjà prêtes pour le prochain week-end. Nous avons une dernière fois été collaborer au chiffre d'affaire journalier du refuge en s'empressant de commander des crêpes et des gaufres bien gourmandes pour réconforter nos estomacs frigorifiés.
À la suite de ce week-end j'ai investi dans une paire de chaussettes chauffantes et un nouveau dva. Et vous savez quoi ? Je ne suis pas la seule !