Témoignage
Une hivernale avant l'heure !
Le 13/11/2024 par Roxane
Les pieds sous un plaid, une tasse de citron chaud-miel posée à côté, me voilà fin prête à vous narrer un nouvel épisode à la « Premières de Cordée ». De nouveaux personnages, toujours la même intrigue, mais surtout de nouvelles péripéties et anecdotes. Vous êtes bien installés ? C’est parti !
5h00 du matin ce samedi 21 septembre . Pfffff, au moins en refuge le café est servi et les gens ont la même tête que moi.
Là, c’est samedi et je me lève toute seule pour rouler en direction de Névache. Soudain, je me rappelle pourquoi mon réveil sonne si tôt et me voilà comme sur des ressorts. Allé en route !
A Eygliers, je m’arrête sur un parking pour covoiturer avec Lucie, alias smiling, Maud, notre guide pour ce stage – j’attends un peu pour trouver un surnom-, et Marie, notre nouvelle compagnonne de cordée. Ça charge les affaires, puis ça reprend la route rapido : le reste de la troupe se rejoindra sur le parking de Névache, au bout du bout ( à Fontcouverte), pour aller à l’assaut de la Crête du Raisin. On est contente de se retrouver Karine, alias mental d’acier, Margot, alias pied de chat et Marion, alias Pocahontas (vous avez la ref ? Maiiiiis si, cette super indienne badasse, trop belle, trop sympa et surtout trop forte qui a même empêché des guerres !!), Lucie alias smiling et moi-même. Je crois qu’à ce moment-là, il était trop tôt pour pouvoir admettre que Maud et Marie étaient contentes de nous rencontrer !!
L’atmosphère est… humide ? Nuageuse ? Brouillardeuse peut-être ? Huuuum, en fait tout ça à la fois ! C’est pourtant avec optimisme et enthousiasme que nous nous lançons sur le sentier. Au pied de la première voie, les cordées se forment, le matériel s’échange, le topo est relu. La première s’élance, suivi de ses seconds puis tout le monde se retrouve à grimper. Malgré quelques « CAILLLLLLLOUX !!! » et engelures au bout des doigts, la montée se déroule sans
eurres. Nous alternons sections grimpantes avec de la corde tendue « avec toujours deux protections béton entre vous, sinon ça fini en bas de la montagne ». Cependant, le temps file, nous ne sommes qu’à la moitié, la météo ne s’améliore pas et la goutte au nez de chacune commence sérieusement à menacer de geler. La prochaine échap’ à 7 rappels, nous sommes 7, au moins 5 minutes par personne par rappel… 7x5x7= 240 minutes. Je vous épargne la conversion : 4h00. Bon ok, unanimement nous descendons. Hop, les pieds sur le plancher des vaches, ou presque, nous courons dans un pierrier pour filer sur les pentes herbeuses.
Le refuge du Chardonnet nous permet de faire un débrief au chaud et de discuter de la suite du stage. Nous
optons pour un itinéraire plus court à cause de la météo mais également très formateur pour la pose de protections – aussi appelé coinceurs – et pour la grimpe en grosse et pour une multitude d’autres choses.
Pépites du jour :
- Lucie gelée, tenant à deux mains son verre : « Le citron pressé, il n’était pas censé être chaud ? Bah si, pourquoi ? Le mien est froid. »
- Karine, tirant la corde de rappel « Ca me stresse toujours un peu les rappels. OOOOOh nooooon, la corde est coincée. » « T’es sure ? » « Non, c’est bon. Ah non ! Là elle est vraiment coincée. Ah,elle vient en fait ». CQFD.
- Marion « J’voudrais bien grimper, mais je ne sens pas le rocher sous mes doigts, c’est pas pratique ».
- Marie, dans sa pensée en nous observant « mais pourquoi j’suis là ? »
- Margot « J’avais peur d’être en retard, donc je vous attends sur le parking depuis 6h00. De toute manière, à 4h00, j’avais déjà plus sommeil ».
- Moi, remontant mon baudrier au-dessus de mon Mérinos, ma polaire, ma doudoune sans manche, ma doudoune à capuche et ma goretex « J’ai l’impression d’avoir une bedaine et qu’elle ne rentre plus dans mon pantalon ». « Mais rassure-moi, ce sont des vêtements ?! » « Oui, oui, ce sont mes 5 couches d’habits + les chaussons que j’aimerais garder au chaud au cas où ».
J2 : Eperon Bouchier
Après une mise au point sur les différents relais – ehhhh oui, y en a plusieurs, nous maintenant on choisit en sachant pourquoi on le fait ! – me voilà en train d’escalader en posant mes protections.
Toujours un petit faible pour les coinceurs cablés, très durs à enlever au grand damne des suivantes. Bref, Maud monte et vérifie mon relai. Elle me donne quelques conseils avant d’observer les autres. Je remonte dans la longueur suivante. « Relais vachééééé » et j’entends « on va lui mettre un peu la press’ qu’elle apprenne à faire vite : DEPART !! ». Je me marre en mettant à la hâte mon reverso : avec du recul, je dois dire que je suis devenue ultra efficace dans l’art d’installer mon système d’assurage. Merci coach ! Les longueurs s’enchainent, j’alterne avec Marie qui gère la fougère, suivi de près par la cordée de Margot et Lucie, puis de Marion et Karine. Les températures sont plus clémentes, on apprend, on papote aux relais pendant que les Premières grimpent - mais « on est toujours active, parce-que y a toujours un truc à faire » -.
Maud nous corrige, nous challenge, monte, descend, remonte, redescend… En fait, ce n’est pas une femme, ce n’est pas une guide, c’est une machine qui enchaine les allers-retours et qui a les yeux partout, avec toujours un tips à donner. La dernière longueur est chatouillante : un V+ en grosse et à protéger. Bah, tout le monde passe « easy peasy » , ou presque . Et vous savez- quoi ? C’est avec un brin de soleil que nous faisons le débrief au sommet : elle n’est pas belle la vie ?
J3 : Elle a bien dit « Artif ? »
Il pleut, il pleut bergèèèèèèère. Non mais là, il pleut vraiment. Donc, nous nous retrouvons dans un café pour fixer des dates, pour faire une liste des courses qui nous donnent envie, ou qui nous font rêver... De quoi me demanderez-vous ? De tout : de l’alpi neige, glace, rocher, de la couenne, de la grande voie, du ski… On est D-E-T-E-R !
Arrive tout de même les premières accalmies et avec elles, l’heure de se mettre en route pour le secteur de Prelles. Aujourd’hui c’est de l’artif’. Vous ne voyez pas ? Nous non plus, on a des marteaux, des Friends, des pitons, des trucs super longs en tissu qu’on nomme « étriers », des crochets qu’on appelle des « Fifi » et tout un attirail qui nous fait davantage ressembler à un sapin de Noël qu’à de véritables grimpeuses. Les filles s’élancent un peu sceptiques dans leur voie - sous la pluie qui a repris, évidemment - et Maud reprend son ballet infernal : elle tourne au pied des voies, donne un conseil, va donner du mou à l’autre, refile en direction des autres, encourage… Assez rapidement, je me bidonne : Karine frappe avec application ET acharnement sur ses pitons, Marion s’extasie sur les Friends qu’elle ne quitte pas des yeux bien qu’ils ne bougent pas d’un millimètre, Marie pousse de petits cris régulièrement bien que sa progression soit sécu et régulière. Margot, elle, semble avoir fait ça toute sa vie. Après un peu d’hésitation, elle monte sa première voie en artif’ et arrive au relai tranquillou bilou. Bref, je vous épargne tous les détails, mais question manips, nous faisons un bon tour du sujet et le tout en pratiquant : génial !
Remontées sur corde, coinceurs, rappels… Nous commençons véritablement à connaitre le sujet. Finalement, faire de l’artif c’est plutôt constructif !
J4 : Un peu plus près des nuuuuuages
Nous filons un peu plus au « sud » en direction de Chabrières pour faire l’arête Van Gogh sur la Grande Tour des Aiguilles, au-dessus du lac de Serre Ponçon. Notre Marion Nationale n’est pas là, mais elle est dans nos cœurs. Nous pensons bien à elle lorsque nous attaquons les premières longueurs. Le ciel d’abord dégagé, nous plonge peu à peu dans le brouillard. Aaaah, de récentes sensations reviennent mais n’entament toujours pas notre motivation ni notre bonne humeur. Deux cordées de 3, nous alternons en tête sur les 5 longueurs. Là encore, nous posons nos protections. Cependant, une pointe d’efficacité et, allé soyons fous, d’aisance commencent à se faire sentir. A la seconde longueur, la neige arrive « WOOOOOOW ! On peut dire qu’on fait une hivernale là non ? ». La 5 ème longueur, trempée, aérienne et toujours sans protection nous fait hésiter et un peu trembler (avouons-le). Cependant, Karine et Margot sont des warriors et la bravent sans sourciller. Nous arrivons aux rappels dans lesquels nous filons relativement vite. Je vous l’ai dit e-f-f-i-c-a-c-i-t-é ! Là encore, merci coach ! En discutant joyeusement, et sous les acclamations de la bergère située en contrebas, nous revenons au sentier de randonnée, puis à la station. Après une accalmie, nous faisons un débrief de la course, puis du stage en mangeant… sous la pluie qui reprend !
Bilan du stage : du +, du + et du + pour chacune d’entre nous. Finalement, Maud acceptera peut- être de réencadrer le groupe et Marie continue l’aventure avec nous. Notre demande commune : une super bonne météo pour le prochain stage. Bon d’accord, juste une bonne météo. Bon ok… Juste pas de pluie !
J’en profite également pour dire une petite nouvelle inattendue : Philomène a opté pour une nouvelle voie professionnelle. Ceci faisant, elle s’engage sur un nouvel itinéraire, ne lui permettant plus de continuer dans Premières de Cordée. Que le vaya bien !