Témoignage
Premières de cordée : un stage presque final
Le 19/08/2025 par Lucie
Dernier stage de l’été. Nous avions plusieurs projets en tête pour ces trois jours avec Maud.
Après quelques visio à étudier différentes options – d’abord la traversée Berhault, puis celle des arêtes de la Meije – nous nous sommes finalement décidées pour la traversée de l’Olan.
Cette course relie deux des vallons les plus sauvages des Écrins : le Valjouffrey et le Valgaudemar.
Nous partons de La Chapelle-en-Valgaudemar le samedi matin pour rejoindre le refuge de Font Turbat. La journée d’approche, longue et parfois technique, se déroule sous un grand soleil. L’ambiance est détendue : les discussions fusent dans tous les sens, comme toujours depuis nos premiers stages. Mais avec le temps, les liens se sont encore renforcés, et c’est touchant de constater la complicité et la confiance née de toutes ces expériences partagées.
Nous atteignons le refuge dans l’après-midi. Certaines profitent des derniers rayons pour se baigner dans le torrent, tandis que d’autres optent pour un goûter dans le refuge chaleureux de font Turbat où se croisent familles et alpinistes. Après quelques révisions de nœuds, un point topo, nous fixons l’heure de départ à 3 h 30 : un départ un peu matinal, mais qui nous assurera d’être la première cordée au pied de la voie. L’itinéraire semble clair vu depuis le refuge, et nous avons en plus chargé la trace GPX sur un téléphone. Confiantes, nous nous préparons pour ces 800 m de grimpe majoritairement en 3, il faudra être efficaces mais nous avons sommes rassurées par les dernières courses rocheuses en autonomie que nous avions bien gérées (l’arête des Cinéastes, L’Ombre du Vent, le pilier Cheize).
Dimanche matin, réveil dans la nuit noire. Un peu vaseuses à cause d’un ronfleur (les joies des dortoirs !), nous attaquons l’approche. Rapidement, nous découvrons qu’il est plus sûr de suivre les cairns que la trace GPS ! En effet, nous avons perdu l’itinéraire, et nous nous retrouvons dans une ascension nocturne, ponctuée de passages d’escalade et de traversées de cascades, pour retrouver le chemin initial. Le jour se lève alors que nous atteignons le pied de la voie, reconnaissable à sa diaclase caractéristique (pour assouvir votre curiosité: nom féminin, Fissure d'une roche ou d'un terrain sans déplacement des deux blocs).
La progression se déroule à merveille. Nous alternons corde tendue, corde courte et longueurs, faisant et défaisant les anneaux de buste. Un bel exercices sous l’œil bienveillant de Maud qui nous suit et nous conseille, la progression ne fait gagner en fluidité. Les cordées avancent en simultané, sur un rocher magnifique, le long d’arêtes aériennes, avec pour décor les glaciers et sommets des Écrins : un moment magique.
Au sommet, nous immortalisons l’instant avec quelques photos avant d’entamer la longue descente par la brèche Escarra, suivie de quelques rappels. En chemin, nous assistons impuissantes à un secours sur le glacier en contrebas ; l’hélicoptère est déjà sur place, il faut rester concentrées sur nos manips.
Il est 20 h lorsque nous atteignons enfin le refuge de l’Olan. Arrivées bien après l’heure du repas, nous avons droit à un service rien que pour nous, accompagné d’une dernière bière partagée.
Ces instants en refuge ont quelque chose de précieux. Coupées du monde, nous prenons le temps d’échanger, de revenir sur la course du jour, mais aussi de faire le bilan de ce cycle de formation qui touche à sa fin. Chacune partage son ressenti, tout comme Maud, notre guide, et nous évoquons ensemble les perspectives à venir. La rentrée s’annonce riche en changements : déménagements, voyages, reconversions professionnelles… Il sera sans doute plus difficile de se retrouver, mais l’envie de continuer à pratiquer et à partager cette passion reste intacte.
Cette fois, le dortoir est entièrement à nous ! Nous nous glissons dans nos lits épuisées mais le cœur léger, et fières de constater tout le chemin parcouru.